0

Fond.jpg
citations orange.png
citations orange 1.png

La renaissance du muralisme

Depuis 2010 environ, on peut dire que l’objectif de la popularisation du mouvement street art et de la professionnalisation de ses acteurs est atteint. Dans le même temps, le muralisme, mouvement issu du street art qui consiste à décorer les immeubles gris et fades de nombreuses villes dans le monde, connaît un essor conséquent. L'esthétique simple et triste des bâtiments dans les quartiers a donc droit à une seconde vie grâce aux idées créatives et innovantes de ces street-artists de ces fresques monumentales.

Une intervention de l’état problématique

 

Comme ce fut le cas dans les débuts du mouvement, aujourd’hui, les pouvoirs publics commandent des fresques murales pour embellir les rues de leurs villes. Une bonne chose pour les street artistes qui peuvent donc être rémunérés pour leur travail. Mais à y regarder de plus près, ces commandes semblent à contre-courant du mouvement street art. Les artistes ont peu de liberté sur leur travail puisque celui-ci sera effacé si jamais il n’est pas politiquement correct. Ce fût notamment le cas à Billère, petite commune de 14 000 habitants des Pyrénées Atlantiques, où le maire avait décidé de faire réaliser par des peintres une fresque murale extérieure afin de garder le souvenir des enfants expulsés du département avec leurs parents étrangers. Mais à cause d’une plainte du préfet Philippe Rey, le tribunal administratif a condamné la mairie à effacer cette fresque murale, au prétexte que cette commande officielle ne respectait pas son obligation de « neutralité ».

 

Pour ne pas voir leurs oeuvres effacées les artistes vont donc souvent s’autocensurer comme le confirme le street artiste Dan 23 : « Le côté revendicatif s’est complètement dilué et perdu parce que les artistes ils veulent manger. Ils se font leur propre autocensure à part quelques cas comme Banksy qui est de ceux qui ont gradés cette veine revendicative ». Le muralisme court donc le risque de se voir édulcoré par ceux-là mêmes qui le pratiquent, dans la mesure  où l’autocensure pourra amener une meilleure dotation financière.

 

Nouveaux muralismes

 

Comme le décrit la journaliste Stéphanie Lemoine dans son ouvrage « L’art urbain : Du graffiti au street art », « l’art urbain s’affirme aussi comme un contrepoint à la ségrégation et la séparation ». La construction du mur entre le Mexique et les Etats-Unis en est l’exemple parfait puisqu’il est devenu malgré lui, un espace d’expression pour certains artistes tel que JR, le street artiste français. Ce dernier a réalisé en septembre 2017 une fresque photographique géante représentant un enfant qui regarde par-dessus la barrière métallique séparant le Mexique des Etats-Unis à Tecate, au nord-ouest du Mexique. JR raconte que l’idée de cette oeuvre est née « il y a un an environ lorsque j'ai fait le rêve d'un enfant regardant par-dessus la frontière ». Devant l'interdiction de placer la photo sur la barrière métallique dressée par les autorités américaines, il s'est installé sur le terrain d'une famille modeste, qui a également accepté que le plus jeune de la famille serve de modèle pour la photo en noir et blanc exposée.

Des origines mexicaines

 

Mouvement né au Mexique au début du XXe siècle, le muralisme est une pratique artistique consistant à réaliser des peintures murales à caractère souvent politique sur les murs des villes, en particulier sur les murs d'édifices publics. Mené notamment par Diego Rivera, un peintre très connu pour ses fresques murales principalement réalisées dans les bâtiments officiels au centre historique de Mexico. Le mouvement va connaître ses premiers émois avec des artistes comme José Clemente Orozco, David Alfaro Siquieros et Rufino Tamayo, qui s'essayèrent aux fresques sur des murs, dans un style simplifié et en employant des couleurs vives en phase avec les thèmes de la guerre civile de 1910.

 

Leur but était simple, peindre en format géant, sur les murs des universités, bâtiments administratifs, palais de justice ou écoles pour raconter des scènes de foules, d’histoire, de vie quotidienne afin d’illustrer la gloire de la Révolution mexicaine et des classes sociales qui lui sont associées comme hommage au peuple mexicain. La réalisation de ces fresques fit l'objet de commandes de l'Etat mexicain aux peintres suscités.
 

Ces hommes en voulant éduquer le peuple, ont raconté la vraie histoire mouvementée et cruelle du Mexique, et révolutionné l’Art Moderne. Ils ont influencé le monde entier et l’art n’a plus été le même. Ces artistes voulaient être expressionnistes, modernes, en mouvement, et par-delà toutes les règles, sans chevalet, ni musée.

fresque003.jpg

La Galerie

croix.png

Peindre en format géant pour raconter des scènes de foules, d’histoire, de vie quotidienne

Fresque murale de Billère, réalisée par les artistes bordelais du collectif Studio Tricolore. ©photo :  Pcf Creuse